Coupe d’Italie I AC Milan – Bologne I Mike Maignan, retour en grâce sur les terrains et prolongation qui lasse en coulisses

Pour sa défense, c’est à peu près toute son équipe qui n’a pas vraiment tourné rond cette année et plus globalement cette saison, alliant le très bon comme le passable, les trophées (une Supercoupe d’Italie remportée en janvier, une finale de la Coupe d’Italie à jouer mercredi face à Bologne) et les catastrophes industrielles (8e de Serie A). Maignan, qui fait partie des fondations de la maison milanaise, a lui aussi fini par vaciller, céder puis craquer. D’ordinaire si solide, le gardien de l’équipe de France a semblé soudainement plus humain, presque vulnérable, et pas vraiment aidé par une défense milanaise souvent aux abois. “Mike est un grand gardien, c’est un leader et un gagnant“, confiait en janvier dernier Sergio Conceiçao, à peine arrivé sur le banc des Rossoneri et qui décidait rapidement de stopper la rotation du brassard. Pour le technicien portugais, aucun doute : son capitaine se nommait Mike Maignan. “Il a une forte personnalité“, se justifiait-il. Depuis, le capitanat n’a plus bougé à Milan. Qu’importe le rendement et les erreurs.

Dans le dur comme rarement ces dernières années, l’ancien portier du LOSC est même passé par la case hôpital cette saison. Le 12 avril dernier, lors du match face à l’Udinese (0-4), il était victime d’une commotion cérébrale après un énorme choc à pleine vitesse avec son coéquipier Álex Jiménez. Plus que de peur que de mal, toutefois, puisqu’il fera son retour sur les terrains neuf jours plus tard face à l’Atalanta Bergame. Après avoir traversé des mois de doutes, pris lui aussi dans le tourbillon de cette saison milanaise qualifiée comme “schizophrénique” par une source du club, le gardien de l’équipe de France est toutefois parvenu à sortir la tête de l’eau. Petit à petit, doucement mais sûrement. Une fois sa série d’erreurs passée et digérée, Maignan, qui a beaucoup discuté avec son entraîneur, a repris du poil de la bête. “Il a surtout retrouvé une très bonne condition physique, poursuit notre interlocuteur. Aujourd’hui, si vous le regardez, il paraît plus sec, plus fin, plus affûté. Et ce n’est pas un hasard si ses performances ont évolué dans le bon sens. Depuis début mars, on a retrouvé le vrai Mike.” Celui que tout le monde à Milan avait rapidement surnommé et qualifié de “Magic”.

Ces dernières semaines, le numéro 16 milanais a ressorti toute la panoplie du gardien magicien. Pêle-mêle : un magnifique arrêt réflexe sur sa ligne lors du derby de Coupe d’Italie remporté face à l’Inter (3-0), un autre encore plus miraculeux contre le Genoa (2-1) la semaine passée… Bref, Maignan a refait du Maignan. Enfin. “Il est enfin de retour“, s’enthousiasmait le quotidien italien QS en début de semaine dernière. “Ce n’est pas sa meilleure saison, mais il s’est repris depuis quelque temps“, a confirmé l’ancien défenseur Alessandro Costacurta, véritable légende milanaise de 1986 à 2007. Et c’est tout logiquement que son équipe a retrouvé – trop tard – une certaine régularité au niveau des résultats. Quand le taulier va…

De son propre aveu, un facteur a également lourdement pesé sur certaines de ses fragilités entraperçues après sa première saison (2021-2022) couronnée d’un titre logique de meilleur gardien. De Luigi Ragno à Flavio Roma, de Tony Roberts à Vedran Runje : en quatre saisons en Lombardie, Mike Maignan a travaillé avec huit entraîneurs des gardiens. “J’en suis exactement à huit entraîneurs des gardiens. C’est vrai que c’est quelque chose d’important pour un gardien de but, on a tendance à créer des liens avec les coaches. Et les liens, pour les créer, ça prend du temps. On a besoin de beaucoup de stabilité, c’est une situation que je vis, et elle est comme ça. Ça m’aide dans mon expérience, mais ce n’est pas facile, au fil des années, de changer de coach des gardiens à chaque fois“, reconnaissait-il après le match face à la Fiorentina (2-2) début avril. Lui aurait aimé travailler avec Éric Allibert, connu à Lille et désormais au TFC. Mais s’il en avait soufflé le nom il y a deux ans, son club n’avait pas pu bouger en raison de possibles sanctions de l’UEFA. À l’époque, le fonds d’investissement américain Red Bird, propriétaire actuel de Milan, possédait également Toulouse. Impossible, donc, de faire affaire ensemble.

Une autre donnée a également pu perturber Maignan ces derniers mois : sa prolongation de contrat. Un coup oui, l’autre non. Un coup proche, l’autre non. Selon la presse italienne, et alors que tout semblait officieusement bouclé en coulisses, son possible nouveau bail a été mis en stand-by par la direction milanaise après sa baisse de rendement. La très probable non-qualification à la Ligue des champions aura des répercussions inévitables sur les caisses du club, et l’accord trouvé sur son nouveau salaire (aux alentours de 5 millions d’euros) pourrait être revu à la baisse.

“Tout le monde doit comprendre les erreurs commises cette saison, des dirigeants aux joueurs. Il doit y avoir une vraie prise de conscience collective, l’absence de qualification en C1 aura logiquement des répercussions sur le budget, et cela concerne aussi les prolongations. Cette situation est la faute de tout le monde“, poursuit notre source au club. “Ma prolongation n’est pas la chose la plus importante“, prévenait le portier en novembre dernier, qui serait toutefois agacé de sa situation en interne selon la presse italienne. Au sein du club, on compte se pencher de nouveau sur ce dossier une fois la saison terminée, notamment pour comprendre s’il y aura une participation ou non à une compétition européenne lors de la prochaine. C’est à la fin du bal qu’on paie les gardiens ?